Les salariés permanents de la multinationale américaine ont dégainé une manifestation surprise, ce mercredi 21 février, à Nantes, pour exiger une augmentation générale des salaires.
Donner de la voix dans la rue ? Pas vraiment dans les habitudes des salariés permanents de la multinationale américaine Manpower : « Personne chez nous n’a fait grève depuis 2008 », confie sous la pluie d’hiver Céline Morelle, déléguée syndicale CFDT. Il est 15 h, devant le siège de Nantes, quartier de la Chantrerie, et des collègues venus de Granville, de Caen, d’Orléans, de Poitiers, de Rennes et d’ailleurs ont revêtu leurs chasubles syndicales pour protester à ses côtés.
Tête du client
Manif surprise sans débrayage pour exiger une augmentation générale des salaires. Manif en intersyndicale (1), puisque le résultat de la négociation annuelle obligatoire (NAO) a hérissé le poil des permanents. Dans les agences d’intérim et de recrutement de Manpower, en France, des salaires de base frôlent le Smic. « La direction a fait du chantage en nous proposant 1,2 % d’augmentation pour tous. Plus une enveloppe de 1,7 % de la masse salariale en plus, distribué à qui bon lui semble, s’indigne Pierre Personne, de la CFE CGC. On n’a pas cédé, alors Manpower a attribué seulement 3 % d’augmentation... mais pas à tous, à certains seulement, c’est-à-dire à la tête du client ! Et seulement à partir de juillet. »
4%
Inacceptable pour ces spécialistes du travail intérimaire. Avec ces revalorisations salariales qui ne tiennent pas compte de l’inflation, disent-ils en chœur, le turn-over ronge l’entreprise : « On a un taux à 22 % sur l’intérim dans notre région grand ouest, décompte Alain Wagmann, intérimaire et secrétaire du CSE, syndiqué à la CGT. Mais nous, on a besoin d’avoir en face de nous des salariés en forme ! »
L’intersyndicale exige une enveloppe de 4 % de la masse salariale en augmentation, avec un minimum de 3 % d’augmentation générale, à compter du 1er mars. Et des primes plus avantageuses. Des revendications qui ne leur paraissent pas
exorbitantes, au regard des « plus de cent millions d’euros de résultats nets affichés par l’entreprise en 2023. Et des 240 millions d’euros versés l’an dernier aux actionnaires américains du groupe ».
Confrontés à une fin de non-recevoir de la direction, l’intersyndicale appelle les salariés permanents (et invitent les intérimaires qui le souhaitent) à une journée reconductible de grève le mardi 5 mars.
(1) CFE CGC, Unsa, CFTC, CGT, CFDT.
source: Ouest-France