À Brest, François Hommeril, de la CFE-CGC : « Dans le monde du travail, il faut faire confiance aux salariés »

Publié le 15 avril 2024


Le président national de la CFE-CGC est venu « rencontrer les militants », ce jeudi dans le Finistère, à Brest et à l’Île Longue. Il s’inquiète de l’évolution du monde du travail, dans le public comme le privé.

Comment voyez-vous l’évolution du monde du travail ?

Je suis inquiet. Quand on met en confiance les gens, qu’on leur laisse assumer leurs responsabilités, les choses avancent de façon naturelle. Or, que ce soit avec le gouvernement actuel ou dans l’entreprise, il y a une volonté de tout concentrer parce que le haut de la pyramide détient la vérité vraie… On régresse ! On ne peut pas développer une entreprise quand on formate les organisations au point que les gens ne peuvent pas s’y exprimer. Cela fait des années que le pouvoir tire vers le bas l’économie et les gens. Il faut faire confiance et c’est l’esprit du paritarisme.

Parfois, les partenaires sociaux peinent à trouver un accord et le gouvernement les menace de finir par prendre lui-même des décisions… Par exemple sur

L’assurance chômage.

Elle n’est pas faite pour faire basculer les gens dans la précarité mais pour aider à un retour correct à l’emploi. Les partenaires sociaux la gèrent comme cela depuis sa création. Elle a été excédentaire plus de vingt ans. La dette vient du fait que l’État a imposé des charges qui ne sont pas liées à l’assurance chômage, qui d’ailleurs est venue en soutien de l’État quant aux conséquences de la covid. Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, a la mémoire courte ! Le chômage partiel a aussi beaucoup endetté le régime. L’État veut encore durcir les conditions de l’indemnisation. Cela désigne des boucs émissaires. Flatter les bas instincts, c’est populiste. Le gouvernement dit qu’il y a des emplois non pourvus ? À la CFE-CGC, nous représentons des gens qualifiés. Pour un cadre de 52 ans, avec un problème de mobilité géographique, ce n’est pas évident de retrouver un emploi.

Ce n’est pas l’intelligence qui gouverne mais le contrôle budgétaire. »

Vous parliez de l’importance de la confiance à placer dans les gens…

Il y a une standardisation, une mécanisation des organisations, y compris dans des groupes qui devraient être protégés de la pression faite sur le social, du fait de leurs résultats financiers. Il faut cocher des cases, emplir des tableaux administratifs. Ce n’est pas l’intelligence qui gouverne mais le contrôle budgétaire. Dans les hôpitaux aussi : l’important, c’est cela, pas les questions de santé ! En 2020, le Premier ministre, Édouard Philippe m’a dit : « Vous savez, les retraites, c’est compliqué… » Je lui ai répondu : « Je représente des gens qui construisent des sous-marins nucléaires ! On ne peut pas leur faire avaler n’importe quoi ! ». Mais l’intelligence essaie partout de se faufiler, comme dans une espèce d’élan vital.

Où en est la CFE-CGC ?

Nous sommes désormais le quatrième syndicat interprofessionnel national, celui qui a le plus progressé depuis douze ans, le premier dans plusieurs grandes entreprises. Nous comptons 170 000 adhérents. Nous avons un regain de confiance et d’adhésions, à l’inverse des partis politiques. Le syndicalisme qu’on incarne est indépendant, attaché au progrès et à la liberté. À valoriser les parcours de gens qui s’investissent. Les techniciens, les agents de maîtrise, les cadres sont les plus attaqués par les politiques de dérégulation. Nous essayons d’apporter des solutions. Nous allons à la rencontre d’un public exigeant, attaché à ce que les choses avancent.

Par David Cormier

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