L'hyperconnexion au travail, nouveau défi pour les RH

Publié le 16 février 2023


10 % de collaborateurs exposés à un risque de surcharge mentale et de fatigue... En cause, une quantité excessive de mails et de réunions entraînant une surconsommation d'écran (1). À l'heure où santé et bien-être rythment l’agenda des DRH, des mesures s'imposent d'autant qu’une récente étude Qualtrics révèle une perte de motivation chez de nombreux salariés, impactant directement la performance des entreprises (2).

 

« Différente de la cyberdépendance, l'hyperconnexion se définit comme un temps quotidien de consommation d’écran supérieur à 7h30 », révèle Alexis Peschard, addictologue et président du cabinet GAE conseil. Un temps largement dépassé par de nombreux salariés, en connexion continue avec entreprise, pairs et clients, en tout lieu et à toute heure… non sans risque au niveau physique et mental. D’autant que « l'hyperconnexion est associée à la performance, alors que la réalité est inverse », poursuit l’addictologue. Aussi, devant des pratiques de travail hybride complexes, chefs d'entreprise et DRH sont priés de trouver des garde-fous pour remplir leurs obligations de protection de la santé de leurs salariés. Ces derniers s'accordent à éviter l'épuisement professionnel ; la recherche du bonheur étant leur principale motivation.(3)

L'hyperconnexion au travail, un risque structurel

Ajoutée au télétravail, instaurée dans les pratiques depuis, « la nécessité de collaborer à l’international impose également un volume conséquent d’informations à traiter », avance Cédric Blache, DRH du groupe Manutan France. Malgré ses bienfaits sur la flexibilité, « le télétravail a accru la porosité entre vie professionnelle et privée », rappelle Florence Oyon, Directrice des Ressources Humaines et du Développement Durable – BCW France (agence leader en communication intégrée du groupe WPP). D’ailleurs, le rapport Epos « workplace of the future »(3) révèle que seuls 43 % des employés sont satisfaits de l’équilibre vie professionnelle/vie privée. Une nouvelle réalité pour l’entreprise, qui doit encadrer le temps de connexion. Soucieuse du bien-être de ses collaborateurs, BCW France a ainsi mis en place une charte en 2016 en garantissant la déconnexion effective le soir, le weekend et pendant les périodes de congés.

Des programmes dédiés en entreprise

« Si la déconnexion est un droit pour chacun, c'est aussi une responsabilité commune », ajoute Florence Oyon. BCW France rappelle le droit de ne pas répondre au mail avant 8h30 ou après 20h et le weekend, limite la durée des réunions à 45 minutes et a mis en place des actions de formation pour favoriser un usage raisonné des outils numériques. « Réaffirmer la nécessité de temps de pause est indispensable, ne serait-ce que pour permettre un temps de respiration et la possibilité de s’ouvrir au monde et d’être ainsi plus créatif », rappelle la DRH.

De son côté, Caroline Litzow, DRH de SpringFive, cabinet de conseil en implémentation CRM, a observé une forte corrélation entre les périodes de télétravail et la démotivation de ses collaborateurs, et plus particulièrement chez les plus jeunes. Pour y pallier, l’entreprise a élaboré un programme articulé sur trois leviers (physique, psychologique, équilibre vie professionnelle et personnelle) tout en formant ses collaborateurs à l'utilisation d'outils de communication pour encourager la prise de parole. Chaque collaborateur est encadré par le RH, un manager et un « career counselor », relais pour détecter les souffrances ressenties au travail. « Pour mesurer notre action, nous effectuons tous les 3 mois des enquêtes de satisfaction avec des critères quantitatifs et qualitatifs, continue Caroline Litzow. Attention, formation et anticipation permettent de détecter les risques liés à l'hyper connexion. ».

Informer, informer… et informer

De son côté Manutan accompagne ses équipes en mettant à leur disposition des outils techniques et informatiques, des conseils et des formations (« gérer son temps en télétravail », « prévenir la fatigue visuelle »…) ainsi qu’un accompagnement managérial. « Nous avons lancé un kit manager adapté au travail à distance pour aider les collaborateurs à s'adapter aux nouvelles façons de travailler, explique Cédric Blache. Ateliers de sensibilisation, formation aux gestes et postures, afterworks, rencontre sur site, enquête annuelle pour évaluer l'expérience entreprise... sont autant d'initiatives pour limiter l'hyperconnexion dans l'entreprise ».

De son côté Onoff Business, marque du groupe Onoff Telecom, propose « une application permettant aux salariés de pouvoir distinguer vie professionnelle et privé en étant joignable uniquement sur certains horaires », vante Justin de Baere, son Global Head of Marketing. Une initiative qui protège les collaborateurs de sollicitations intempestives et qui pourrait bien faire florès…

Frédérique Guénot

 

(1)Étude Lecko et CogX. Pour quantifier l'hyperconnectivité en France et objectiver les rythmes de travail en contexte post-Covid, Lecko et CogX ont analysé deux années d'activité de 20.000 utilisateurs de Microsoft 365 (incluant des employés de terrain) pour objectiver les rythmes de travail.

(2)Étude mondiale menée par le XM Institute de Qualtrics auprès de plus de 22 000 salariés dans 28 pays. Elle conclut qu’une mauvaise expérience collaborateur affecterait les comportements au travail et impacterait directement la performance des entreprises, en se traduisant notamment par une faible productivité et un taux de rotation élevé.

(3)Rapport EPOS "Workplace of the Future" - tendances mondiales qui façonneront le travail hybride en 2023

 

source:focusrh.com