Retraites : les syndicats appellent à faire grève et manifester dès le 19 janvier

Publié le 11 janvier 2023

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Les numéros un des huit grandes organisations syndicales ont appelé ce mardi soir les salariés à une « première journée de grèves et de manifestations » le jeudi 19 janvier, « départ d'une puissante mobilisation sur les retraites dans la durée ».Ils agitaient la menace depuis des semaines pour ne pas dire des mois. Cette fois-ci on y est. A peine la Première ministre a-t-elle fini sa conférence de presse de présentation de la réforme des retraites que les leaders syndicaux se sont tous retrouvés dans la grande salle de la Bourse du travail, place de la République, à Paris, pour annoncer leur riposte aux annonces gouvernementales.

Il y avait là Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, entouré de Philippe Martinez, son homologue de la CGT, et de Frédéric Souillot, le nouveau leader de FO, élu en juin, François Hommeril, le président de la CFE-CGC, Cyril Chabanier, le secrétaire général de la CFTC, Laurent Escure, celui de l'Unsa, Benoît Teste le secrétaire général de la FSU et les cosecrétaires généraux de Solidaires.

« Grève », un mot lourd de sens
L'affiche a été soignée. Les huit leaders syndicaux, ensemble, pour annoncer la date de la première mobilisation contre la réforme des retraites. Du jamais vu. En 2010, lors de la dernière réforme des retraites, il y avait certes eu déjà unanimité syndicale pour combattre le passage de 60 à 62 ans, mais Force ouvrière n'avait pas pour autant rejoint l'intersyndicale.Debout, face caméras, c'est au leader cédétiste, parce qu'à la tête du premier syndicat français, qu'est revenu de lire le communiqué signé des huit organisations de salariés. « La « première journée de grèves et de manifestations » est fixée au 19 janvier », a-t-il annoncé. Dans la foulée, l'ensemble de la gauche, des socialistes à la France Insoumise en passant par les écologistes, a appelé à rallier cette première journée de mobilisation.« Grève », le mot est lourd de sens quand on sait la prudence de la CFDT notamment sur ce point. Et les syndicats l'annoncent d'emblée, cette « date syndicale […] donne le départ d'une puissante mobilisation sur les retraites dans la durée ». Une nouvelle rencontre aura lieu dès le 19 janvier au soir pour déterminer la suite. Le bras de fer commence donc avec le gouvernement.

Le choix de ce calendrier rapproché est par ailleurs clairement aussi un message à ceux qui, à gauche, veulent faire concurrence aux syndicats pour armer la contestation sociale, en clair Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard. Ce sera deux jours avant la « marche pour nos retraites » lancée par des organisations de jeunesse des partis membres de la Nupes, d'extrême gauche et par d'autres comme la FIDL (lycéens) et à laquelle La France insoumise appelle à participer.Sur le fond du dossier, les centrales réaffirment leur désaccord avec l'analyse gouvernementale de l'urgence d'une réforme. « Le système par répartition n'est pas en danger, rien ne justifie une réforme aussi brutale », qui va « frapper de plein fouet l'ensemble des travailleurs et travailleuses ». Et alors qu'Olivier Dussopt peu avant à Matignon se félicitait de la méthode de concertation sur la réforme, à l'écoute des « différences », le communiqué affirme que « jamais le gouvernement, arc-bouté sur son projet, [n']a étudié sérieusement » les propositions alternatives.

Venu écouter les leaders syndicaux, Laurent Djebali, syndicaliste de la RATP passé de l'Unsa à Force ouvrière, qui avait mené la fronde contre la réforme de 2019 et largement contribué à paralyser les transports franciliens, a averti : « Elisabeth Borne a eu son moment de vérité, on va préparer aussi notre moment de vérité ».

 

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