François HOMMERIL, Président confédéral de la CFE-CGC ,réagit à l' allocution d'Emmanuel MACRON

Publié le 11 novembre 2021


Réforme des retraites : "Il n'y a pas de problème systémique" avec la structure actuelle, rétorque le président confédéral de la CFE-CGC

"La question de la réforme des retraites est devenue un objet politique totalement déconnecté de la réalité", a affirmé mercredi sur franceinfo François Hommeril, au lendemain de l'allocution d'Emmanuel Macron. 

"Il n'y a pas de problème systémique dans la retraite", a assuré mercredi 10 novembre sur franceinfo François Hommeril, le président confédéral de la CFE-CGC, au lendemain de l'allocution d'Emmanuel Macron, qui a annoncé le report de son projet de réforme des retraites, car "les conditions ne sont pas réunies", mais s'est dit toujours attaché au principe d'une réforme. Le chef de l'État souhaite en particulier repousser l'âge de départ et supprimer les régimes spéciaux.

"La question de la réforme des retraites est devenue un objet politique totalement déconnecté de la réalité", estime François Hommeril, qui "ne comprend pas cette obsession de faire peur aux Français, les stresser et de dire qu'il est nécessaire de faire la réforme des retraites". Le syndicaliste s'appuie sur le rapport du Conseil d'orientation des retraites, publié en juin 2021.

Pas plus de retraités malgré le vieillissement de la population

Cette instance indépendante, chargée de suivre les perspectives du système de retraite français, analyse dans ce rapport, consulté par franceinfo, que "malgré le contexte de la crise sanitaire et le vieillissement progressif de la population française, la part des dépenses de retraite dans le PIB [la richesse produite par le pays] baisserait à long terme", jusqu'en 2070. Car "l'impact du vieillissement démographique sur le système de retraite serait freiné par l'augmentation de l'âge de départ à la retraite, qui passerait à un peu moins de 64 ans à législation inchangée, sous l'effet des réformes passées", déjà mises en place, "et du recul de l'âge d'entrée dans la vie active", sachant qu'il y a eu en plus "une progression du taux d'emploi des seniors" depuis 2010.

Par ailleurs, François Hommeril dénonce l'argument brandi par la majorité présidentielle, d'augmentation de l'espérance de vie pour justifier cette réforme. Il cite l'Institut national des études démographiques, qui dirait que "l'espérance de vie n'augmente plus depuis 2014". Les données présentées sur le site de l'Ined montrent effectivement une stabilisation de l'espérance de vie après 65 ans, de 19,4 ans pour les hommes, et de 23,2 ans pour les femmes. En revanche, l'espérance de vie à la naissance a augmenté depuis 2014, de 0,5 ans chez les hommes et de 0,3 ans chez les femmes (ces données sont provisoires).

Une réforme de l'assurance chômage "scandaleuse"

Au chapitre des annonces économiques et sociales, Emmanuel Macron a par ailleurs rappelé l'application de la réforme de l'assurance chômage, à partir du 1er décembre, qui comprend notamment un contrôle renforcé des demandeurs d'emploi, susceptibles de perdre leurs allocations s'ils ne recherchent pas de travail.

"Le problème, c'est que les mesures qu'il prend visent tous les chômeurs, notamment la dégressivité des allocations", reproche François Hommeril. Cette mesure de dégressivité, à partir du 9e mois d'indemnisation par Pôle Emploi, ou du 7e mois si la situation de l'emploi s'améliore, ne concerne que les demandeurs d'emploi qui touchaient un salaire au moins égal à 4 500 euros bruts par mois avant de perdre leur travail. "Une mesure scandaleuse contestée par les experts, qui culpabilise le chômeur alors que pour l'immense majorité d'entre eux, c'est toujours aussi difficile de retrouver un emploi", estime le président confédéral de la CFE-CGC.

 

source :www.franceinfo.fr