Transmanche: les syndicats de DFDS vent debout contre l’arrivée, à Calais, d’Irish Ferries

Publié le 18 mai 2021


Dans une lettre adressée au président de la Région des Hauts-de-France, propriétaire du port de Calais, les syndicats de la compagnie maritime DFDS dénoncent l’arrivée en juin, à Calais, d’Irish Ferries. Une compagnie à la pratique « low cost et mortifère » selon eux. Le courrier est sans équivoque.

Il est signé par Marc Sagot, secrétaire du comité social et économique (CSE), délégué syndical du personnel navigant et secrétaire général du Syndicat des marins de la Côte d’Opale CGT ; Fabien Ducroq, secrétaireadjoint du CSE, délégué syndical du personnel navigant et secrétaire général-adjoint du Syndicat maritime Normandie CFDT ; Philippe Conquet, délégué syndical des officiers CFDT et encore Romain Prigent, délégué syndical des officiers CFE-CGC.Des marins étrangers Les quatre représentants syndicaux interpellent Xavier Bertrand sur l’arrivée prochaine de la compagnie Irish Ferries (lire ci-dessous),

« une décision de la direction du port de Calais qui risque de porter un coup fatal au pavillon français sur le détroit ». « Irish Ferries arriverait à partir de juin pour opérer en RORO- PAX, fret et passagers, avec un mode d’exploitation inacceptable en termes de conditions de travail, de rémunération, de protection sociale et de sécurité, écrivent-ils. Les membres d’équipage polonais, ukrainiens et roumains navigueraient, par exemple, deux mois d’affilée pour uniquement un mois de repos, alors que le minimum en vigueur sur le transmanche est le régime binaire (14 jours/14 jours). Investir autant d’argent public, construire un nouveau port, pour au bout du compte faire le lit du dumping social et détruire le pavillon français, dépasse l’entendement. » Les syndicats font référence à l’extension à 863 millions d’euros du port de Calais, Calais Port 2015. Les clés du chantier ont été remises début mai à la Société d’exploitation des ports du Détroit (SEPD), avant une mise en service cet automne.Plan social toujours en cours Les marins mettent en parallèle la défense du pavillon français et les menaces sur l’emploi que fait encore peser la crise du Covid-19. « Les salariés de DFDS font preuve de résilience depuis le début de la crise sanitaire. Nous sommes tous mobilisés depuis de longs mois pour survivre. Le plan social mis en œuvre en décembre dernier se poursuit. Nous ne pouvons laisser faire cette extinction programmée du pavillon français sur le Channel. » Les syndicats, jusqu’alors discrets, intiment même Xavier Bertrand, en campagne pour sa succession, « d’empêcher ces navires d’accoster au port de Calais avec un mode d’exploitation low-cost et mortifère. Le port de Calais sans marins français serait une catastrophe économique et sociale pour notre région et pour notre pays ». DFDS emploie 951 personnes en France, dont 439 personnes à Calais (351 navigants et 88 sédentaires).

Jean-Marc Puissesseau balaie les polémiques Le président de la Société d’exploitation des ports du Détroit, Jean-Marc Puissesseau, ne souhaite pas dans un premier temps commenter la lettre ouverte des syndicats de DFDS. « Ce qui m’intéresse, c’est que le port de Calais se développe, qu’il connaisse un avenir plus serein. Si une nouvelle compagnie vient à Calais, c’est parce que le marché le permet, pas pour détruire l’emploi local . Je n’ai plus à prouver que je défends le port de Calais. » Puis, agacé par certains passages du courrier, il lâche : « Les marins étrangers ? Est-ce que les employés de DFDS se souviennent que c’est moi qui ait imposé que les marins français, en particulier les anciens de SeaFrance, figurent parmi les embauches lorsque la compagnie a souhaité s’implanter à Calais ? Est-ce que je suis allé vérifier si la ligne DFDS Calais-Sheerness (fret non accompagné) emploie des marins français ? Non.

Quant à la référence à l’argent public, je rappelle que c’est le port de Calais qui va rembourser l’argent investi pour les travaux, grâce à l’argent des clients, pas avec l’argent public . Je préférerais que les syndicats se réjouissent de disposer d’un bijou, ce nouveau port, qui va nous permettre de gagner des parts de marché. »Une compagnie attendue en juin L’annonce de la venue à Calais de la compagnie Irish Ferries date de fin mars. Dans un communiqué, elle indiquait alors vouloir proposer des rotations entre Calais et Douvres avec un premier ferry, deux autres navires étant attendus fin 2021 et en 2022.

Ce premier ferry doit être le Isle of Inishmore. Sous pavillon chypriote, il n’emploiera aucun Français. En revanche, afin d’assurer des escales sept jours sur sept et cela même la nuit, l’entreprise ouvrira une agence au port de Calais et embauchera environ 35 personnes. Irish Ferries, filiale d’Irish Continental Group PLC (ICG), est le premier opérateur maritime assurant les liaisons entre la Grande-Bretagne et la République d’Irlande, tant pour le transport de marchandises que pour les passagers.

source : lavoixdunord.fr

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